LA MAXI-PRISON FUSTIGEE PAR DES MAGISTRATS

sur les ondes de la PNG

PNGCe jeudi 1er août, à 07H46
Marie MESSIAEN, présidente de l’Association syndicale des magistrats, était l’invitée de Rudy HERMANS dans l’émission "MATIN PREMIERE" de la RTBf radio.

Au cours de son interview (11 min.) [1], elle déclare notamment :

On attend du prochain gouvernement qu’il redonne la pleine indépendance à la Justice

« Il y a aussi une intrusion plus insidieuse, [...] qui essaie de faire de la Justice un département du ministère de la Justice plutôt qu’un troisième pouvoir. [...] Il y a aussi plusieurs petites mesures au niveau des bâtiments, de l’informatique ou du personnel, qui font que l’on dépend toujours du bon vouloir du ministère des Finances, du ministère de la Justice, de la régie des bâtiments, alors que l’on devrait être à leur niveau"[...] "Nous, déjà, on attend du prochain gouvernement qu’il respecte la loi. Un gouvernement qui revendique ne pas respecter la loi, c’est du jamais vu et c’est inacceptable. On attend aussi du prochain gouvernement qu’il redonne la pleine indépendance à la Justice »

Le problème pénitentiaire, c’est l’un des points noirs de la Belgique.

« Le problème pénitentiaire, c’est l’un des points noirs de la Belgique. Tous les criminologues, spécialistes de la prison, et même tous ceux qui ont fréquenté de près ou de loin le système carcéral belge savent que la situation est inacceptable." [...] Bien sûr, il faut maintenir des prisons. Mais il faut qu’elles soient limitées aux personnes pour lesquelles c’est la seule option, et que ce ne soit surtout pas un endroit où l’on remise des gens pendant quelques années en attendant qu’ils aient purgé leur peine.[...] Quelqu’un qui reste en prison dix ans, vingt ans, trente ans, finit par sortir un jour. Si la personne est isolée et qu’on ne s’est pas occupé d’elle, elle n’est pas meilleure, ni pour elle, ni pour la société, et constitue toujours un danger »

Le projet de maxi-prison de Haren, c’est le contraire de ce qu’il faudrait faire

« On s’inscrit aussi tout à fait en opposition totale avec le projet de maxi-prison de Haren qui va coûter un budget phénoménal, un milliard d’euros. Et là, pour le coup, en terme d’efficacité budgétaire, la Cour des Comptes a épinglé le fait que personne ne pouvait évaluer le coût effectif de cette prison, notamment parce que c’est un Partenariat Public Privé et qu’on ne sait pas pendant combien de temps combien l’État va devoir payer pour l’entretien de cet prison. Et donc, ce genre de prison énorme, où on essaie de remplacer au maximum les gardiens par de la vidéo-surveillance, des portes automatiques, etc, c’est typiquement de la violence institutionnalisée et le contraire de ce qu’il faudrait faire pour l’accompagnement et la protection de la société. »


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Ce vendredi 2 août, à 07h10
Thierry MARCHANDISE, ancien procureur du Roi de Charleroi, juge de paix émérite et membre de la commission de surveillance de la prison d’Ittre, était interviewé par Pierre-Yves MEUGENS dans la séquence "LE PLUS DE MATIN PREMIERE" de la RTBf radio.
Il y était notamment question des conditions d’enfermement des prisonniers et de l’organisation du système pénitentiaire en Belgique, suite aux récentes recommandations de la commission de surveillance de la prison d’Ittre [2].

Il y déclare entre autre : « L’Association des Syndicats des Magistrats avait fait un livre blanc, il y a 40 ans, pour dénoncer un certain nombres de dysfonctionnements des prisons et tout ça est toujours aujourd’hui d’une grande actualité. [...]
Je ne comprends pas pourquoi le monde politique n’a pas encore compris que

si les détenus sortent meilleurs qu’ils ne sont entrés, c’est tout bénéfice pour la sécurité.

Mais en fait, il y a 2 éléments positifs : il y a d’abord le nouveau Conseil central qui est beaucoup plus dynamique et qui a des tas de projets qu’il va mettre sur pied ;
et une autre raison d’espérer, c’est le projet pilote des maisons de détention qui sont de toutes petites maisons d’une quinzaine de détenus qui permettront un travail beaucoup plus fin, beaucoup plus subtil et beaucoup plus efficace par rapport aux détenus qui vont passer par là.

C’est un paradoxe, une incohérence par rapport à la méga-prison de Haren

qu’on est en train de créer alors que tous les criminologues disent que ce sont de petites unités de détention qui permettent une meilleure réinsertion.
Le drame aujourd’hui est qu’on a l’impression qu’il n’y a aucune politique de réinsertion, c’est toujours la sanction qui prime, et dans cet esprit-là, vous ne risquez pas de sortir meilleur que vous n’êtes entré.[...] »