Pré-électorale 2019 : Désenfumage politique (1) 💨

Incohérences ! et malhonnêtetés ?

CHRONIQUES PRÉ-ÉLECTORALES

Il y a des débats où, à en entendre les candidat.e.s, tout le monde s’oppose au moins à un point de la Maxi-Prison de Haren. Et pourtant... les multinationales de Cafasso continuent de construire cette prison avec l’aval des partis politiques, dont voici un classement non-exhaustif des incohérences :

1er PRIX DÉCERNÉ au ...  ! (de loin)

Enfumage :

Karine Lalieux, échevin PS à la ville de Bruxelles, à propos de la politique carcérale :
"Au plus on fera des places, au plus on mettra. (...) Il faut arrêter ce type de gestion, il y a plein d’expériences un peu partout et on doit être un peu ambitieux et un peu oser en terme de politique pénitentiaire. (...) Je dis qu’il ne faut pas la méga-prison, je ne l’ai jamais dit."

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Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles et Amhed Laaouej, député fédéral, chef de groupe PS à la chambre, à propos du financement (date) :
Ahmed Laaouej : « Ce dossier là, on doit le remettre sur la table ».
Philippe CLOSE (PS) : « Je pense que le DBFM [Design Build Finance Maintain] est un mauvais système, un système qui coûte beaucoup trop cher, (qui est dû aux déconsolidations européennes) et qui est une mauvaise idée. (...) Et qui coûte en fait, qui fait que le pouvoir public paie deux fois. »

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Programme du PS en 2019 et Interpellation de Laurette Onkelinx, députée fédérale, cheffe de groupe de la régionale bruxelloise du PS, en avril 2019 :
"il existe un consensus scientifique pour dire que la dangerosité des personnes sortant de prison est plus grande que lorsqu’elles y sont entrées [1], amendement de Laurette Onkelinx en avril 2019 concernent l’exécution des courtes peines.

Le 12ème engagement du programme du PS en 2019, concernant la justice juge que le renforcement du système pénal, c’est-à-dire le recours grandissant à l’emprisonnement "s’avère néfaste tant pour le condamné que pour la société. (...) L’inflation pénitentiaire à laquelle nous assistons risque de conduire à une impasse sur les plans tant de l’efficacité, de la dissuasion, du coût financier que de la désintégration sociale des détenus" [2].

Désenfumage :

Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles ville :
« Que ce soit Karine Lalieux ou moi, on a défendu le plan d’urbanisation et le permis qui a été délivré. Je l’ai dit aux militants que j’ai croisés à Haren, j’ai dit pourquoi je la défendais. Moi je l’assume, objectivement, que ce soit avant ou après une élection, tout le monde le sait. Ceux qui ne l’assument pas l’assumeront juste après »<doc791

Commentaire de l’équipe :

La tentative de P. Close est de justifier sa position en faveur de la Maxi-Prison comme une "vision urbanistique". Le désastre social, financier et écologique n’est-il alors qu’un dommages collatéral d’une ambition urbanistique ? La priorisation est un choix politique, pas une fatalité. L’urbanisme avant tout.

Il faut dire aussi que depuis le début, Charles Picqué, coreligionnaire de Close, espère bien dégager les détenus de Saint-Gilles (en les reléguant à Haren) pour y attirer des classes aisées qui rendront sa commune plus friendly, hype et riche. C’est là que se trouve la réelle vision urbanistique, pas dans un plan global pour Bruxelles.

Rappelons enfin les implications du PS dans la première partie de cette investigation (conseil des ministres, permis d’urbanisme, incendies de cabanes de zadistes, conseil sur le choix du terrain etc.).
BONUS !
Dédicace à Rudi Vervoort, Ministre-président PS de la Région Bruxelles-Capitale à propos de l’avis du conseil d’Etat en faveur de l’annulation des permis de la Maxi-Prison :

Enfumage :

R. Vervoort lors du Meeting PS en avril 2019 : « Ce n’était pas sur la prison d’ailleurs, c’était sur le débat sur Néo. »

R. Vervoort, le 13/02/2019, au parlement bruxellois : "Je m’inquiète du fait que les auditeurs fassent de la politique et qu’ils ne se cachent pas derrière leur robe de juriste pour émettre des avis sur l’opportunité de projets. Je ne veux pas empiéter sur le principe de la séparation des pouvoirs mais eux le font !" [3].

A tous les niveaux de pouvoir, fédéral, régional et communal, le PS a porté et poussé ce projet de maxi-prison antisocial, anti-écologique et antidémocratique. C’est l’écosocialisme façon boulevard de l’empereur.

le deuxième PRIX REVIENT au...  !

Enfumage :

Gautier CALOMNE (député fédéral, chef de section ixelloise du MR) concernant le financement : concernant le financement :
"Et sur le partenariat public-privé, je l’ai dit, il ne faut pas hésiter à évaluer les choses et si ça ne fonctionne pas bien, eh bien, peut-être revoir la copie."

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Désenfumage :

Ce qu’en dit Laurent Vrijdaghs, membre du MR et directeur de la Régie des bâtiments, qui est le maitre d’œuvre du chantier de la Maxi-Prison :  :
"Quand vous mobilisez un partenaire privé, peut importe d’où il vient tant qu’il réponde aux critères de conformité publics et qu’il attend pendant 4ans.. il faut bien à un moment que ce privé n’attende pas pour rien. Cette attente à un prix, le temps c’est de l’argent (...) Mais les délais on ne les maîtrise pas. (...) Oui, je suis pour le PPP. Pour autant qu’on garde le contrôle."

Et en off, c’est-à-dire dans ce cas-ci, pas mot pour mot :
"Eh bien je suis content que cette prison soit construite, car une fois qu’elle sera construite, on est sur que la politique carcérale ne changera pas dans les 20 prochaines années."

Commentaire de l’équipe :

Le MR, aurait mérité sa première place pour sa cohérence justement ! En effet, le Mouvement Réformateur a soutenu le projet de Maxi-Prison de A à z, avec des arguments malhonnêtes tels que des arguments humanitaires pour les détenu.e.s et de gestion par rapport à la surpopulation carcérale.
Le MR a la constance de ses convictions : il plaide pour la bonne gestion, la transparence et la liberté, il décide donc d’aggraver l’enfermement de masse en gaspillant l’argent public et en empêchant tout débat démocratique et toute clarté sur le financement de ce projet ruineux.
Mais étant cohérents dans leur malhonnêteté, ils se sont quand même fait coiffer au poteau par le ps.

le 3ème PRIX au ...  !

Béa ERCOLINI, ex rédactrice en chef de « Elle » et candidate député pour le CDH à la chambre, à propos de la transparence et du financement :
"Le cdH s’engage à évaluer les choses, à reprendre les choses du début, mais c’est clair qu’il y a un problème de transparence, il y a des documents incomplets, etc. [Et au niveau du partenariat public-privé, pareil, évaluation]."


C. Frémault se préoccupe beaucoup de l’écologie.

Extrait d’un article de presse parlant d’une nouvelle zone classée Natura 2000 à Uccle, de 13 hectares :
« Cette extension, même si elle est symbolique à l’échelle de l’Europe, témoigne d’une réelle volonté des autorités bruxelloises à protéger son patrimoine naturel » Et ajoute « La Nature est un bien commun qui doit être préservé. » [4]

Extrait d’un article de presse concernant les Marches pour le climat :
Céline Fremault dit comprendre ce mouvement. « Les manifestants attendent des décisions politiques efficaces et rapides. Ce mouvement est légitime car le temps presse, il concerne l’avenir de chacun. Je me réjouis de cet engagement ». « Mais on va aller plus loin. Maxime Prévot [le nouveau président du CDH] l’a dit : l’environnement doit irriguer la politique, en ne laissant personne au bout du chemin. L’environnement doit rassembler. » [5]

Extrait d’un email reçu :
« (…) La question climatique me préoccupe depuis longtemps (...). Ces manifestations sont un gage d’espoir car elles témoignent d’une prise de conscience importante de l’urgence. Elles sont aussi un gage de responsabilité à mon égard et à celui de tous les décideurs politiques, du niveau le plus local au plus global et dans toutes les compétences.
Depuis quelques semaines, je préside la Commission Nationale Climat (organe qui assure la coordination de la politique belge en matière de climat au niveau national). Si mes objectifs pour notre pays sont fixés depuis longtemps, votre appel est clair et limpide : je m’engage à accélérer le rythme. "

Désenfumage :

Extrait d’un email reçu :

« Je me permets un rectificatif utile : le projet de cette prison est une décision du fédéral. Le gouvernement bruxellois a accordé son permis d’environnement en mars 2017 car le dossier n’était pas contestable du point de vue des critères environnementaux. M’opposer à la délivrance du permis sans argument valable aurait constitué un détournement de pouvoir.

Il est plus que probable donc que cette prison verra le jour, mais c’est auprès du fédéral qu’il faut plaider une marche arrière car je n’ai aucune manœuvre dans ce dossier. »

Commentaire de l’équipe :

C’est Céline Frémault, ministre CDH de l’environnement de la Région bruxelloise qui a délivré le permis d’environnement.

Ce permis avait été cassé par le collège de l’environnement bruxellois, qui avait remis un avis très dur sur cette autorisation qui est un sauf conduit pour massacrer le Keelbeek, sa source sauvage, son aulnaie séculaire, des espèces très rares et protégées, ce réservoir à biodiversité, son potentiel exceptionnel d’agriculture urbaine, son puits de carbone naturel, etc. Cafasso a fait appel de la décision du collège de l’environnement. Céline Frémault, CDH, a entendu Cafasso, la régie des bâtiments, Bruxelles environnement, et les opposants. Bruxelles environnement, qui est sous la tutelle de Céline Frémault, a affirmé sans sourciller que la Maxi-Prison allait améliorer l’environnement à Haren, grâce à la dépollution du sol sur le site des anciennes usines Wanson, et grâce aux toitures vertes et autres gadgets de greenwashing. La Ministre de l’environnement a repris cet argument, et a donné l’autorisation à Cafasso de tout détruire. Ce crime ne lui sera jamais pardonné.

Cela n’a pas empêché la même ministre de faire campagne pour son opération marketing « goodfood » qui fait la promotion de l’agriculture urbaine, des circuits courts et de la nature en ville tout en détruisant le dernier poumon vert du nord de Bruxelles. Céline Frémault, un ministre de la destruction de l’environnement à dégager durablement !

PETITE DÉDICACE HORS PODIUM à  !

Cohérence ?

Gilles Vanden Burre (Ecolo) :
« Par rapport à Haren, nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde, que ce soit Ecolo, Groen, et les différents niveaux de pouvoir là dessus, vraiment. »
« Et donc ça effectivement il faut trouver une solution, nous on estime que la rénovation, qui n’a jamais été étudiée, est possible » (à propos de la prison de Forest).

« Et donc par rapport à Haren, je vous le dis clairement, si le Conseil d’Etat casse les permis (...) eh bien nous remettrons le projet sur la table si nous sommes amenés à être en coalition que ce soit au niveau bruxellois, que ce soit au niveau fédéral, les choses sont extrêmement claires. »

« Donc depuis 10-15 ans la logique c’est construire de nouvelles prisons, et de grandes nouvelles prisons. Donc nous par rapport à cela en tant qu’écologistes ce n’est pas notre vision de la politique carcérale. (...) Ca pour nous c’est la priorité, tout ce qui est accompagnement, peines alternatives, et alors diminuer le nombres de détenus évidemment, on est à 10 000 effectivement plus ou moins aujourd’hui, 10400, parmi lesquels toute une série de personnes qui n’ont rien à faire en prison. »

« Maintenant, par rapport à Haren, depuis le début de ce projet on est complètement contre, que ce soit Ecolo, Groen, ici au niveau fédéral, au niveau régional, et au niveau de la Ville de Bruxelles. (...) j’ai eu accès au contrat, enfin, et tout était flouté au niveau des montants. (...) je regrette vraiment que les partis qui se disent aussi opposés au niveau fédéral à cette prison comme le PS, comme DéFi, quand ils sont revenus à la manoeuvre au niveau de la région, ont octroyés les permis d’urbanisme et d’environnement. (…) Si on ne donne pas de permis, y’a pas de construction. »

Stephane Roberti (Ecolo) : 
« Concrètement, j’assume volontiers ma part dans ces décisions. Je souhaite qu’un prochain gouvernement régional mettra en échec le projet de méga prison à Haeren, et qu’un prochain gouvernement fédéral se donnera la liberté de remettre en question l’enfermement, son inflation et son durcissement quand tout démontre ses impasses sur le plan social, économique, en matière de droits humains, et même d’un point de vue environnemental par la destruction d’espaces verts. »

Incohérence ?

Elke Van den Brandt (Groen) : « Pour l’instant il faut attendre un peu tous les résultats, mais je pense que c’est un projet très très large, très très grand, et il faut des places, il faut des nouvelles prisons »

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Tandis qu’au sein du Collège échevinal de St Gilles, Jos Raymenants et Mohssin El Ghabri, membres d’Ecolo-Groen, imaginent déjà des projets qui pourraient voir le jour à la place de la prison St gilloise « une fois désaffectée », considérant celle de Haren comme déjà construite [6].

Commentaire de l’équipe :

Ecolo était dans le gouvernement régional jusqu’en 2014, avec Évelyne Huytebroeck qui était ministre de l’environnement, de l’énergie et de la rénovation urbaine. A ce moment là, Ecolo a laissé passer la Maxi-Prison dans l’accord de gouvernement. Ecolo n’a pas non plus porté la demande de classement du Keelbeek qui aurait permis de sauver le terrain et de bloquer la prison. Voyant l’opposition grandir et les arguments écologiques, évidents, remonter les fils twitter, Ecolo a pris progressivement position publique contre la Maxi-Prison – après l’avoir laissée passer donc.

Plusieurs interpellations très utiles ont été introduites par Ecolo à la chambre et au parlement régional par ses députés. Principalement sur le manque de transparence du dossier, comme l’a fait Gilles Vanden Burre en tant que député parlementaire fédéral jusqu’à un accès au dossier dont plusieurs chiffres étaient malheureusement noircis.

Puis écolo a gagné les élections communales, notamment à la ville de Bruxelles où le parti est entré dans la majorité. Là, silence d’Ecolo. A part discutr avec le PS qui n’avait bien entendu pas la moindre intention de renoncer à son projet de Maxi-Prison. Ce contexte a laissé la ville de Bruxelles donner libre cours aux travaux pour débuter avant l’heure malgré les recours au Conseil d’état, et envoyé la police pour déloger les citoyens gênants qui ont bloqué le chantier.

Que fera Ecolo s’il monte dans la majorité régionale ? S’il applique la même technique que pour les élections communales, c’est à dire passer d’un discours d’opposition au projet vers une attitude de silence, ce sera une grave erreur. S’il est en majorité, Ecolo devra assumer le chantier et l’ouverture de la maxi-prison si le Conseil d’état n’arrête pas le désastre. Disons-le clairement : si Ecolo ne fait pas ce qu’il a dit publiquement sur la maxi-prison, ce pénitencier lui coûtera politiquement.
PNG